Poppy impose son univers girly metal

La sortie de l'album "I Desagree" de Poppy est l'occasion de découvrir l'intrigante Poppy, dans un style musical à cheval entre la pop rageuse et l’électro industrielle.

Pour la première fois dans l'histoire des Grammy AWARDS qui auront lieu fin janvier, une artiste solo féminine a été nominée dans la catégorie meilleure performance métal.

Elle, c'est POPPY, un personnage interprété par la chanteuse Moriah Poppy originaire de Nashville, qui fut découverte et signée par le label Américain Sumerian Records.

Découverte est un bien grand mot puisque c'est d'abord sur Youtube, aux vues de tous, que Poppy s'est révélée à travers des centaines de vidéos déjantées, pile poil en phase avec sa génération.

Mais c'est au niveau de son style Metal que Poppy fait donc parler aujourd'hui d'elle, pour la meilleure performance métal de l'année avec sa chanson "BLOODMONEY", un titre virevoltant extrait de son deuxième album "I Disagree".

D'ailleurs, à ce titre aussi, on ajoutera que c'est aussi la première fois depuis 1999 que des artistes féminines sont nominées dans la catégorie métal. Pas mal donc, car pourtant niveau gratte et metal, les filles ont du potentiel, notamment quand on voit Blue DeTiger.

Mais revenons à Poppy, que l'on pourrait innocemment prendre pour un prénom tout mignon tout droit sorti d'un dessin animé, et qui fait penser chez nous à ce magazine pour les tout-petits.

Loin de là ! Sa créativité fantasque est là pour nous faire revenir sur terre. Ou pas, tant le personnage qu'elle s'est inventé soulève la curiosité et les questions. Est-elle réelle ? Ne serait-elle pas plutôt un robot à la voix autotunée ? Et que signifient ses visuels triangulaires dans certaines de ses vidéos, ne serait-elle pas conspirationniste ?

En même temps aujourd'hui on est un peu tous conspirationniste dès qu'on a le malheur de ne pas être d'accord avec la Doxa mainstream. Alors l'est-elle elle aussi ? Evidemment non, car en réalité c'est sur les symboles qu'elle joue et le but est de titiller faire parler de son personnage, et pour cela tous les moyens sont bon jusqu'aux conseils maquillages sur sa chaîne Youtube. Et cela fonctionne parfaitement à voir l'immense communauté de fan qu'est s'est construite au fil des ans.

Poppy fait parler d'elle avec sa nomination au Grammy Awards pour "Bloodmoney"

Ce succès ne serait peut-être pas arrivé à un tel point sir elle n'avait pas fait une rencontre déterminante, avec le réalisateur Titanic Sinclair, désormais son mentor, avec lequel elle semble en parfaite osmose intellectuelle et créative depuis ses premières vidéos aux tons pastels tous mignons. Parfait pour créer un univers plein de charme, mais aussi plein de trash et de provocation.

C'est ce que l'on retrouve avec toujours autant de classe dans chacune de ses apparitions en vidéo, et bien évidemment dans ses clips totalement hors norme et décalés.

Car Poppy, c'est un univers très enfantin phagocyté par une sonorisation industrielle particulièrement trash voir violente, que l'on qualifiera de Metal, puisque c'est dans cette catégorie qu'elle se révèle nommée. Le mariage des deux ambiances, entre innocence et culpabilité, peut en heurter certains, mais n'en est pas moins séduisant autant que frappant. Et surtout parfaitement bien produit, même si par moment la présence de l'infâme autotune me blesse l'oreille.

Côté musique, en l'occurrence pour son album "I Desagree", on pourrait la rapprocher avec certains grands moments de la période Byörk, tout en y trouvant parfois des relents de l'album "Outside" de Bowie (par ex avec l'inoubliable titre de Bowie "The Hearts Filthy Lesson", réécoutez-le), mais sans aller trop loin dans l'expérimentation, car cela devient parfois pop comme avec "Sick Of The Sun" ou le début de "Don't Go Outside" ce qui dénote dans cette trajectoire Metal-trash qu'elle tentait jusque là de nous imposer.

Néanmoins, même avec ce genre d'aparté mélodique, l'album dans son ensemble se révèle fascinant et parfaitement en phase avec son époque, tant musicalement que visuellement. À découvrir donc avant la cérémonie des Grammy.