Mémoire de musique : Bashung, Fantaisie Militaire
Fantaisie Militaire, signé Alain Bashung, est classé comme l'un des meilleurs albums de rock français de tous les temps. Il débute avec un titre mémorable : Malaxe.
L'amour des mots
Les amoureux des mots comme moi ne peuvent qu'adorer Alain Bashung. Son duo avec le parolier Jean Fauque a sorti les plus grands textes de chansons de la langue française. Une apogée atteinte avec la sortie en janvier 1998 de FANTAISIE MILITAIRE.
Dans cet album, une perle, on retrouve les titres qui sont parmi les plus emblématiques de Bashung. Malaxe, La Nuit Je Mens, Sommes-Nous...
À chaque fois, même après une centaine d'écoutes, on reste frappé par le sens des mots, par ces paroles qui hantent et pénètrent et qui travaillent le corps et l'esprit longtemps encore après.
Les maux de l'amour
Ah, Fantaisie Militaire. Je me souviens de la première fois où j'ai écouté l'album. Mars 98.
Terrible que cet album de Bashung. Il fait suite à un album extraordinaire Osez Josephine, mémorable même.
Et voilà donc qu’arrive Fantaisie Militaire en ce début d'année.
Nous sommes alors en mars 1998. Période Ô combien délicate.
Fébrile, je ne sais pas ce qui m'attends.
Et en fait je ne m’attends à rien, j'essaie depuis un peu plus d'un mois de me vider l'esprit de tout, pour reprendre pied.
Le nouvel album du rocker me videra-t-il la tête ?
Je me souviens juste des précédents succès de Bashung. Osez Joséphine m’avait accompagné pendant ma période de cité universitaire.
Je me souviens juste des précédents succès de Bashung. Osez Joséphine m’avait accompagné pendant ma période de cité universitaire.
Cette sortie je l’attends donc. En fan des bons mots, mais aussi comme un besoin de passer à autre chose.
Alors voilà qu'un samedi matin, je décide de me rendre à la Fnac. L’écoute gratuite doit me permettre de me faire une idée pour me changer les idées. C’est ce que je me dis.
Malaxe le coeur de l'automate
Et on commence par Malaxe.
Comment expliquer ?
Immédiatement le son monte et autre chose avec. La musique pénètre, travaille et je sens comme un changement en moi.
C’est assez bizarre comme un titre, comme une chanson, un texte fort et prenant, une musique, une mélodie peuvent faire de l’effet sur un organisme.
Votre rythme cardiaque s’accélère. Des tréfonds du corps surgit comme une force qui monte, monte jusqu’aux yeux. Presqu’aux larmes. Évidemment, il faut essayer de les retenir. Pas simple.
Voilà donc non pas l'effet Kiss cool, mais l'effet Malaxe.
Texte sublime sur les maux de l'âme, comment dans un couple, les deux se construisent, déteignent l'un sur l'autre, se malaxent, se recopient et se sculptent sur une terre glaise jusqu'à ce que l'équilibre rompe sous la routine du calcul. Et que l'un des deux l'emporte, gagne, avec l'autre devenu automate dans les mains du vainqueur. Quand la copie du modèle se résigne à la fin.
Autant dire que je suis déjà en vrac quand vient le titre suivant, La Nuit Je Mens. Celui qui m’achève. On est seulement à deux sur la tracklist. Eh, mec, t'arrête avec tes chansons à la con ?
Sous le flot des paroles, je regarde dans le vide et celle que j’avais essayé d’oublier quelques semaines plus tôt revient. Sentir un regard froid posé sur moi, c'est une impression bizarre. Irréelle.
La musique est comme une communion de l'âme et des sentiments.
Ses messages puissants transcendent les dimensions. L’espace. Le temps. La mort et la vie. Par identification, ils ressurgissent en charge héroïque.
Le jour où j'ai écouté Malaxe
C'est donc ce jour là. Le jour où j’ai écouté pour la première fois Fantaisie Militaire et où un visage m'est apparut.
De ce visage, aujourd’hui il n’en reste rien, le temps passe, la musique reste mais ses saveurs s’estompent. Bashung est parti aussi.
Mais il reste ses mots.
Mais il reste ses mots.
Et ces mots, il y a quelques jours, me sont revenus avec Malaxe.
Par pur hasard. Ou ironie du sort ?
Par inadvertance plutôt.
Il aura suffit d'un geste involontaire de la main. D'un frottement dans une poche contre un smartphone. Oreilles en écouteurs, déclenchement immédiat. Son diffus qui s'installe puis s'impose. Malaxe démarre. Lente montée d’émotion. Au fil des pas. Paris perdu dans les rues sales des pas perdus. Alors j’ai marché en proie au noir de mes lacunes, dans les rues où surgissent les démons, ces vieux malins qui trompent le train train quotidien. Me voilà dans Paris parti pour la nostalgie, lente descente énigmatique, paroxystique.
Par pur hasard. Ou ironie du sort ?
Par inadvertance plutôt.
Il aura suffit d'un geste involontaire de la main. D'un frottement dans une poche contre un smartphone. Oreilles en écouteurs, déclenchement immédiat. Son diffus qui s'installe puis s'impose. Malaxe démarre. Lente montée d’émotion. Au fil des pas. Paris perdu dans les rues sales des pas perdus. Alors j’ai marché en proie au noir de mes lacunes, dans les rues où surgissent les démons, ces vieux malins qui trompent le train train quotidien. Me voilà dans Paris parti pour la nostalgie, lente descente énigmatique, paroxystique.
La mémoire de musique fait son œuvre comme si Bashung traçait le sillon d'une vie sentimentale.
"Entre tes doigts l’argile prend forme."
"Je n’étais qu’une ébauche au pied de la falaise."
"Un extrait de roche sous l'éboulis."
"Du haut de nous deux on a vu."
"J’ai pas compté, j’escomptais."
"Mais une erreur de taille s’est glissée."
"Et j’y suis resté."
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