Kursk de Thomas Vinterberg ranime le souvenir

Kursk, le long métrage du danois Thomas Vinterberg, revient sur la perte du sous-marin russe en aout 2000. Un film puissant avec en vedette Matthias Schoenaerts et Léa Seydoux.

Kursk, le long métrage du danois Thomas Vinterberg, revient sur la perte du sous-marin russe en aout 2000.

Retour sur le drame du Kursk


Le 12 août 2000, toute la planète est en émoi. Le Kursk, fleuron de la marine de guerre russe est perdu au cours de manoeuvres géantes dans la mer de Barents. 

Malgré la chape de plomb qui entoure la catastrophe, et ses causes réelles, on apprend au fil de l’eau qu’il y a des survivants. Que l’ouest propose son aide pour les sauver. Que la machine infernale de la bureaucratie mêlée de fierté et d’oeillères refuse et finalement fini par accepter. 

Mais il est déjà trop tard. 

Les 23 derniers survivants réfugiés dans le 9ème compartiment du navire finissent par périr. 118 morts seront retrouvés lors du renflouement de l’épave.


Kursk, le long métrage du danois Thomas Vinterberg, revient sur la perte du sous-marin russe en aout 2000.

C’est cet évènement que Thomas Vinterberg a décidé de mettre en images. Sur ses origines, on polémique toujours, mais c’est la thèse de l’explosion interne d’une torpille instable qui l’emporte aujourd’hui, relatée dans le roman enquête du journaliste Robert Moore.

Kursk emblème de l’âme Russe

Avec le Kursk, c’est l’héritage des années Eltsine et le climax de l’effondrement de l’URSS qui est atteint. Un effondrement engagé de décennies plus tôt, et que la catastrophe de Tchernobyl avait largement laissé entrevoir. 

Nous sommes à l’époque dans un pays en faillite totale, que la politique d’Eltsine a dépouillé et vendu à l’ouest, et dont l’élection a été ouvertement manipulées par les USA (parlerait-on d'ingérence ...?), dans un objectif justement d’affaiblissement de la Russie. 

Ici, les oligarques font la loi, le libéralisme prévaut et le peuple vit en dessous du seuil de pauvreté. 


Kursk, le long métrage du danois Thomas Vinterberg, revient sur la perte du sous-marin russe en aout 2000.

Dans ce contexte, difficile de maintenir au top une industrie militaire fiable lorsque la réalité financière et technologique s’opposent aux rêves de grandeur, de fierté slave et de patriotisme qui caractérisent l’âme russe.

À cela se mêlent la traditionnelle méfiance de l’ours Russe face à l’extérieur, l’étranger considéré comme potentiel danger voire comme ennemi, et le repli sur soi.

Et un autre point. Début 2000, c’est l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, sensé être le successeur d’Eltsine, et sponsorisé par les USA pour poursuivre l’aventure libérale. 

Or il n’en sera rien. 

Ce dernier cache son jeu et va peu à peu se détacher de ses sponsors et entamer une volontaire reconstruction du pays, qui passera par un patriotisme effréné, un retour aux valeurs et à la religion et un réarmement dans un contexte de guerre froide renouvelé.

Kursk, la ville, la bataille

C’est un peu tout cela que l’on retrouve saupoudré dans le storytelling, autant d’ingrédients parsemés en filigrane mais qui auraient pu être davantage exploités, notamment pour la partie politique. En ajoutant un point non cité. Le nom lui-même de Kursk

Kursk, c’est l’emblème même de la Russie vaillante. Il symbolise énormément dans l’imaginaire russe, à l’époque et toujours aujourd’hui.


Kursk, le long métrage du danois Thomas Vinterberg, revient sur la perte du sous-marin russe en aout 2000.

Kursk est en effet un véritable symbole. Celui de la plus grande bataille de chars de la seconde guerre mondiale, celui de la dernière tentative du 3ème Reich d’emporter la mise contre l’armée soviétique, celui qui marque la fin de l’opération Barbarossa. Celui de la défaite allemande et de la victoire russe au prix du sacrifice de millions de vies. 

Alors dire qu’on a perdu le Kursk. C'est la honte sur 1000 générations.

Tout cela, on aurait aimé davantage le ressentir dans le film. Mais pour des questions peut-être politiques (Vladimir Poutine, alors tous jeune président n’apparaît pas dans le film, alors qu’il sera critiqué pour son indifférence), la plupart des éléments dérangeants restent occultés.

On ne va quand même pas titiller l’administration de l’ex URSS. 

Que penser de Kursk

Alors, oui, on reste entre deux eaux, on garde la performance du thriller, du drame psychologique et on n’évoque que partiellement les atermoiements du pouvoir. 

C’est une volonté de se concentrer sur l’essentiel, à savoir les opérations de sauvetage, la bureaucratie anonyme, les grosses pontes de la Défense toujours ancrés dans leur atmosphère de guerre froide, mais sans les moyens.

Dans la veine des précédents opus sous-marins, tels que Das Boot, A la poursuite d’Octobre Rouge ou encore K19, le décor angoissant et oppressant du sous-marin est propice au thriller, à la tension et à l’introspection. 

Kursk, le long métrage du danois Thomas Vinterberg, revient sur la perte du sous-marin russe en aout 2000.

C’est bien là ce qui est mis en avant, avec le petit plus qu’offre la détresse des familles restées sans nouvelles à terre, face à leurs questions sans réponses. 

On ne peut pas dire que l’on n’y est pas dans Kursk. Les ingrédients sont là. 

Toute la force réside dans le jeu des personnages principaux. Le couple bientôt brisé Matthias Schoenaerts et Léa Seydoux, dont la force est impressionnante. Le mutisme touchant de leur fils. L’incapacité de Colin Firth à faire bouger les lignes.


Kursk, le long métrage du danois Thomas Vinterberg, revient sur la perte du sous-marin russe en aout 2000.

Seulement, la mayonnaise est un peu longue monter. 

Mais le film nous embarque tout de même dans cette aventure tragique. Avec le goût d'une sorte de résignation face à l’inéluctable qui réveille le souvenir d’une fierté géopolitique mal placée.

Et pose le regard sur la détresse des familles et des victimes devant l’absurdité. 



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