Alphonse Mucha investit le Musée du Luxembourg
Symbole de l’Art Nouveau, l'artiste tchèque Alphonse Mucha est mis à l’honneur au Musée du Luxembourg. L’exposition phare de la rentrée parisienne se tient jusqu’au 27 janvier 2019. Immanquable.
La richesse de l'oeuvre de Mucha
Lorsque l’on pense à l’Art nouveau, au Paris de 1900, il est difficile de ne pas songer à l’artiste Alphonse Mucha.
Et notamment à son travail d’affichiste. Mais il ne s’arrête pas à cela, et le Musée du Luxembourg est là pour nous le rappeler à travers son exposition Alphonse Mucha.
Le musée donne en effet jusqu’au 27 janvier prochain, un regard nouveau sur l’oeuvre de Mucha, avec une exposition couvrant l’ensemble de son travail. Affiches, certes, mais aussi illustrations, peintures, sculptures, dessins, photographies, ornements, décors et objets d’art.
Et ce travail de rassemblement de l’oeuvre montre une foison créative chez l’artiste tchèque, formé à l’académie des beaux-arts de Munich et arrivé à Paris à la fin des années 1880.
Dans cette exposition, on trouve une dimension et un regard nouveaux qui nous font l’appréhender différemment et plus en profondeur.
Un artiste engagé
On découvre ainsi la genèse de son oeuvre, ses influences mystiques, son côté visionnaire, mais aussi une pensée politique forte, presque révolutionnaire pour l'époque, prônant une nation tchèque indépendante.
Un engagement novateur ancré pourtant dans un pays et une époque : celle du renouveau national tchèque, où germent déjà les prémices de l’éclatement de l’empire austro-hongrois dont on fête parallèlement le centenaire de la dissolution.
C’est donc cette époque et cette épopée de l’artiste que l’on découvre à travers les oeuvres présentée. On voyage ainsi de 1911 à 1928, parallèlement aux soubresauts de l’Histoire.
On découvre son parcours artistique, le rejet de sa candidature à l’académie des beaux-arts de Prague, son départ à Vienne pour travailler sur des décors de théâtre en parallèle de sa formation artistique. Son travail à l’académie de Munich puis à Paris où il rencontre Paul Gauguin, et où il va incarner l’Art nouveau, flamboyant.
Une exposition à ne pas manquer
C’est la première fois depuis 1980 (la rétrospective Mucha avait eu lieu à l’époque au Grand Palais) que l’on revient dans la capitale sur le travail de l’artiste et la richesse de son oeuvre.
Ses différentes facettes son brillamment abordées dans cette exposition, et l’on découvre à quel point l’influence de Mucha a été prépondérante dans l’histoire architecturale et décorative de la capitale, mais aussi dans les influences culturelles plus larges comme en matière de mode et de style, en France et au delà, en Europe.
De là à dire que le style Art nouveau parisien découle en grande partie de son travail, tant il a même influencé les esprits, il n’y a qu’un pas, tant il est vrai que l’imaginaire parisien et français semble largement imprégné de ses réalisations.
Qui n’a pas été subjugué devant ses créations, ses affiches, si marquantes et si proches de nous ?
Chacun dans cette exposition y trouvera son compte en fonction de ses sensibilités artistiques, tant la palette de l'artiste est large et variée.
Sa période parisienne est celle qui est la plus connue et reconnue tant elle est emblématique de son début de carrière.
On y trouve notamment son travail pour Sarah Bernhardt, mais aussi ses travaux d'affichiste et de publiciste, pour la promotion de champagne, de biscuits, de savon.
On découvre plusieurs commandes, notamment pour l'Exposition universelle de 1900où il décore le pavillon de Bosnie-Herzégovine.
Cette période est le début de sa phase cosmopolite, où il développe son talent de décorateur, de créateur de bijoux.
Jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre de l'auteur suédois August Strindberg, ami de Paul Gauguin, avec lequel il va avoir des conversation philosophiques qui l'amèneront à ouvrir le chapitre d'une période mystique de sa vie.
Cette période est clé, car le fait entrer au Grand Orient de France en 1898, puis à se lancer dans un projet plus humaniste, quasi religieux, autour de l'âme slave. C'est le début à partir de 1904, de l'épopée Slave, un projet ambitieux, qui même identité, valeurs, religion et politique, dans l'utopie de fédérer tous les slaves.
Un désir d'unité qu'il dessine autour d'une vingtaine de thématiques retraçant les épisode de l'histoire slave. Philosophie, culture, art, religion, politique sont autant de thèmes traités.
C'est une période méconnue de l'artiste, sans doute parce qu'elle est plus sombre que ce que l'on peut imaginer de lui à la vue de son travail d'affichiste.
Dates clés
24 juillet 1860 : naissance à Ivančice, ville du sud de la Moravie sous administration autrichienne.
1879 : départ à Vienne où il poursuit sa formation artistique et travaille à la réalisation de décors de théâtre.
1887 : arrivée à Paris pour étudier à l’Académie Julian.
1890 : se fait une réputation d’illustrateur et commence à être célèbre au point d’être la figure de proue de l’Art nouveau.
1895 : succès de ses affiches dont l’affiche « Gismonda » pour Sarah Bernhardt, puis « Lorenzaccio », « La Dame aux Camélias », « Hamlet ».
1901 : reçoit la Légion d’honneur pour sa contribution à l’Exposition universelle de Paris de 1900.
1904-1913 : donne des cours dans des écoles d’art à New York, Chicago et Philadelphie.
1911 : débute son travail sur l’Épopée slave, un appel à l’unité des peuples slaves, auquel il consacrera le reste de sa vie artistique.
1939 : arrestation par la Gestapo à Prague.
14 juillet 1939 : Mucha meurt à Prague d’une pneumonie.
Du 12 septembre 2018 au 27 janvier 2019
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris
Ouvert tous les jours de 10h30 à 19h, et nocturne jusqu’à 22h tous les vendredis, ainsi que les lundis du 12 novembre au 17 décembre 2018.
Les 24 et 31 décembre de 10h30 à 18h - fermé le 25 décembre
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