Témoignage : La Campagne de Russie

A l’heure où les tensions sont de plus en plus fortes entre l’Occident et la Russie et où la France, en fidèle serviteur des intérêts de l’Otan, n’aspire qu’à guerroyer contre les Russes, il est intéressant de replonger dans l’Histoire. À savoir dans un récit unique : les mémoires du général-comte de Ségur, aide de camp de Napoléon : LA CAMPAGNE DE RUSSIE.

LACN-La retraite des Français par Illarion Pryanishnikov (1874)
La retraite des Français par Illarion Pryanishnikov (1874)

Un vrai témoignage

C’est en retrouvant par hasard dans ma bibliothèque de vieux livres de la Collection Nelson, que je suis tombé sur ce témoignage. Il s'agit de la campagne de Russie, du 24 juin au 14 décembre 1812, racontée en détail par l’Aide de camp de Napoléon. 

Le comte Philippe de Ségur est général d'Etat-Major et maréchal-des-logis du Palais.

À ce titre, il est attaché à la Maison de l'Empereur qu'il accompagne dans la campagne de Russie et en charge du confort et de la sûreté de son camp de campagne.

Il va livrer l'un des témoignages les plus puissants sur cette terrible campagne qui décidera de la destinée de la Grande Armée en 1812. Un témoignage magnifiquement bien écrit, juste et qui reste toujours empreint d'une ferme fidélité et admiration pour l'Empereur.

On comprend pourquoi, puisque Philippe de Ségur vient d'une haute noblesse, a reçu une éducation de premier ordre. 

Enrôlé volontaire dès 1799, il tient de son grand-père, le Maréchal de Ségur, une moralité et une fidélité sans failles pour le devoir et la patrie et surtout une devise qui pourrait aujourd'hui passer comme irréaliste, surtout chez nos politiciens : 

Sers ton pays, et une fois sous son drapeau, ne l'abandonne jamais.

Dans les coulisses de la campagne de Russie

Ce récit est d'abord un récit de souvenirs, des souvenirs magnifiquement contés où l'on se retrouve au plus près des protagonistes, dans les coulisses d'une campagne, ses succès, ses conquêtes, ses atermoiements, ses incertitudes, ses premières difficultés et la stupéfaction qui précèdent la prise de conscience de l'indicible, l'inéluctable, à savoir la nécessité fatale de faire demi-tour, d'abandonner. La Retraite.

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L'incendie de Moscou - Viktor Mazurovsky (1859–1923)


Pour ce qui a fait la force de la Grande Armée, la retraite est une action presque indicible, tant le mot ne fait pas partie du vocabulaire. 

Ici, tout est raconté sans fard. Le propos est fort, les souvenirs s'enchaînent à travers un récit détaillé et presque clinique d'une situation inexpugnable.

Ce livre est un chef-d'oeuvre de la littérature militaire. Ces Mémoires, débutées à la chute de l'Empire et publiées dès 1820, se lisent facilement, et l'enchaînement des situations incite à la réflexion. 

Si le récit peut sembler froid quant à la description et élogieux quant à l'Empereur, la vision des événements reste toutefois très institutionnelle. Il est intéressant de la compléter par des mémoires d'hommes du rang, comme celles du Sergent Bourgogne.

De victoires en défaites

Avec de Ségur, nous vivons au plus près de la grande avancée vers Moscou, des batailles victorieuses, des affrontements mous puis des premiers indices de la stratégie Russe, celle de l'évitement et de la terre brûlée, jusqu'à l'entrée dans le Kremlin. 

Je suis donc enfin dans Moscou, dans l'antique Palais des Czars ! Dans le Kremlin !

Nous suivons Napoléon dans ce lieu emblématique, et découvrons sa stupéfaction lorsque les incendies commencent à ravager la ville. 

Quel effroyable spectacle ! Ce sont eux-mêmes ! Tant de palais ! Quelle résolution extraordinaire ! Quels hommes ! Ce sont des Scythes !

La politique de terre brulée du général Kutuzov, emmènera la Russie dans sa première Grande Guerre patriotique, celle de 1812, et conduira la Grande Armée à sa perte, davantage décimée par les éléments que par les actions Russes.

La retraite de Russie

Tous les éléments de cette grande épopée sont réunis. L'analyse est fine et sans complaisance. 

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Adolphe Yvon (1817-1893) - Maréchal Ney soutenant la retraite de Russie

De cette retraite, il restera un évènement marqueur de l'inconscient collectif français : la Bérézina. Un marqueur de défaite, mais pourtant une victoire décisive des français, celle de la bataille de la Bérézina. 

En parvenant à construire deux ponts précaires en à peine 3 jours pour traverser le fleuve, dans des conditions inimaginables, par -30°, 400 pontonniers de la Grande Armée, parviendront à sauver les restes des troupes, celles qui livreront un de leur dernier combat victorieux face aux troupes de Kutuzov, Wittgenstein et Tchitchakov.

De ce fleuve, seuls 8 pontonniers survivront, parvenant à sauver la retraite et ce qu'il reste des ruines de la Grande Armée

Un bataille héroïque et victorieuse qui restera à jamais dans l'imaginaire collectif comme une défaite. Une "bérézina"... qui vaudra de sauver pourtant l'Empereur et sa Grande Armée.

Et qui continue à marquer l'histoire, la littérature avec, entre autre Guerre et Paix de Léon Tolstoï.

1 commentaire:

  1. En fait, vu la distance pour son ravitaillement, l'éloignement de Paris, la campagne devait se dérouler sur deux phases. Une fois arrivé à Smolensk, la grande Armée aurait passer l'hiver bien au chaud et reprendre son avance au printemps suivant sur Moscou. Malheureusement nous connaissons la suite !

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