Le voyage musical de Dhafer Youssef
Avec son nouvel album Sounds of Mirrors, sorti ce moi-ci, Dhafer Youssef brasse à nouveau les cultures dans une envolée musicale d’une puissance poétique sublime.
Laisser le charme agir
Avec ce nouvel opus, Dhafer Youssef m’a envouté. Entre Chaleur de sa Tunisie natale et brassages musicaux en provenance de tous les continents, Dhafer Youssef a toujours su s’enrichir de la richesse des cultures.
Une fois de plus il met la barre très haut avec son nouvel album sorti le 5 octobre dernier. Mais quel est son secret ?
Dhafer Youssef est en fait un véritable phénomène.
J’avais, il y a quelques temps déjà, été époustouflé par l’un de ses morceaux, « Soupir Eternel », dont la mélancolie et la sensibilité m’avait littéralement touché.
Il faut dire que sa maîtrise vocale comme sa maîtrise du Oud, cet instrument à corde pincées dont l’origine remonte à l’antiquité, sont sans égal.
Cette écoute avait fait ressurgir à l’époque un parfum à la fois de nostalgie et d’onirisme que rarement la musique nous procure.
Un degré au-dessus
Mais cette fois, Dhafer Youssef va encore plus loin. Et là aussi j’ai été réellement marqué dès la première écoute de l’album. Une telle pureté, une telle virtuosité, une telle symbiose entre la voix et l’instrument restent rares.
On commence par « Humankind » et le ton est donné.
Le bonheur se reconnaît à la puissance qu’il transmet autour de lui et qu’il diffuse, un bonheur que chacun interprète à sa manière et qui touche à des degrés différents l’âme humaine. Difficile ici de résister et il vaut mieux se laisser emporter.
La voix de tête de Dhafer Youssef rejoint en effet la clarinette pour ne faire qu’un avec le virtuose Turc Hüsnü Şenlendirici.
On poursuit ensuite avec « Ruby Like Wine » et « Like Dust I May Rise ». L’atmosphère s’installe peu à peu, lente, inspirée, méditative, spirituelle. Nous voilà comme en apesanteur dans un orientalisme empli d’émotion.
Virtuosité et maturité
La force de l’interprétation, la sensibilité de la voix, la maîtrise de l’instrument, tout ici fait échos à l’âme. On cherche alors à savoir d’où cette inspiration provient.
C’est d’abord l’Inde qui a historiquement séduit le musicien tunisien. À l’âge de 19 ans, poursuivant ses études au conservatoire de Vienne, il découvre la musique indienne.
Le coup de foudre est immédiat et fait l’effet d’un révélateur. Il cherchera dès lors à marcher dans les pas des plus grands interprètes indiens.
Ainsi, aujourd'hui cet album se révèle comme tout naturellement l’aboutissement à ce désir.
Un véritable pont aérien
Pour la genèse de son album, Dhafer Youssef s’est entouré des meilleurs. Il n’a pas hésité à parcourir le monde.
Départ pour l’Inde, d’abord, puis escale inattendue en Turquie et en Norvège, pour un album qui, à l’origine, ne devait s'inspirer que du continent Indien.
De l’Inde, c’est Zakir Hussain le célèbre maître des Tablas, ces instruments indiens à percussion, qui rythme et impulse l’album.
De Norvège, on retrouve le guitariste Eivind Aarset, qui apporte une touche méditative.
De Turquie, c’est le fameux clarinettiste Husnu Senlendirici, avec lequel la voix de Dhafer Youssef entre littéralement en osmose lors d’envolées mélodiques poignantes.
Si tous les morceaux ont été composés et arrangés par Dhafer Youssef, on peut véritablement parler de symbiose musicale, tant le trio excelle dans son art et tant leurs âmes semblent se fondre, comme des âmes soeurs.
Une écoute s'avère incontournable. Voilà une belle ode à l’amitié et à la fraternité.
TRACKLIST :
1. HUMANKIND 7’19
2. DANCE LAYAN DANCE 4’36
3. AL WADOOD 7’00
4. RUBY LIKE WINE (TO SHEIKH MUHAMMED OMRAN) 6’02
5. JOURNEY IN BERGAMA 5’03
6. LIKE DUST I MAY RISE (TO SHIRAZ) 4’58
7. NASIKABHUSHANI (TO ZAKIR) 3’19
8. SHAANTI « ATITHI DEVO BHAVA » SUITE 4’19
9. CHAKKARADAAR « ATITHI DEVO BHAVA » SUITE 5’38
10. SATYA « SATYAGRAHA » SUITE 4’54
11. SATYAGRAHA « SATYAGRAHA » SUITE 6’42
12. GOOD MORNING MUMBAI (TO ZAKIR) 6’28
Dhafer Youssef
Nouvel album Sounds of Mirrors
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