Gaston Lagaffe : le complot était presque parfait

Avec Gaston Lagaffe, pour certains, le désastre porte un nom et un prénom. Gaston Lagaffe ou la bévue du cinéma français. Pour d’autres, ça passe crème. Bref, que faut-il y comprendre ? Comme un air de mic mac dans le plan de com.

gaston lagaffe sur lacn



On ne polémiquera pas sur cette sortie. C’est à vous de vous faire votre propre avis. Ici, on n’est pas payé pour être critique avec la carte de presse qui va bien et les invites gratis aux pinces-fesses en tenue de cocktail où tous les piques assiettes de Paris s’empiffrent de petits fours en hurlant à tout va « Ma chérie, tu es resplendissante ! » ou « J’ai A-DO-RÉ ». 

Nan, vous êtes libres. Soit de perdre 10 euros dans une merde et d’en sortir aigri de fiel en insultant vos enfants de vous avoir trainé là, soit de vous vider la tête pour le même prix et d’en sortir avec du temps de cerveau disponible et la banane aux lèvres avec vos mômes.

Le syndrome du journaliste

En fait, ce que je trouve drôle dans cette histoire, c’est d’étudier les évènements et de voir comment le curseur a fait son petit 180 degrés classique.

C'est bien là le syndrome du journaliste occidental. Du style il est « hautement probable » que vous soyez coupable d’avoir empoisonné ce pauvre espion qui nous gênait un peu mais faut pas trop le dire, suivi d’un « on arrête d’en parler parce qu’on veut pas que vous sachiez qu’on s’est planté » et qu’on est des connards.


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Le pire dans cette histoire ce n’est donc pas l’oeuvre mais son contexte

Le pire, en réalité, a eut lieu lorsqu’a commencé la promotion du film dans les médias. 

C’est traditionnel. La promo, les journalistes raffolent. 

Mêmes s’ils n’ont pas vu la projection presse ni lu les synopsis ou le dossier de presse qui, il faut bien l’avouer dépasse une page, c’est trop dur pour eux, ils aiment recevoir une star. 

Une star, c’est bon pour l'audimat et bon pour leur image, parce qu’on les voit gentils et sirupeux, brushing de tête de gondole de supérette, dents blanches impeccables et gencives rouges, sourires rageurs débordant d’amour qu’on peut même plus imaginer autant de tendresse et de bienveillance sur Terre. 

De leur côté, les stars adorent parce qu’elle sont payées pour venir, et que si elles viennent pas la promo tombe à l’eau et ça fait moins d’entrées donc ça leur fait moins d’argent à toucher.

Le monde est impitoyable ma bonne dame

En fait, avec la promo, et en l’occurrence celle de Gaston, le cinéma n’est plus dans les salles obscures mais sur le plateau du 20h, du 19-20, du 12-13, et j’en passe.

Bref, là ou les rois de l’information mainstream bobo bien pensante sévissent, faux-cul et lèche-bottes à souhait.

Ici, j’ai une fois de plus vu des journalistes (ou plutôt des animateurs, car si on cherche de vrais journalistes en France, on n’en trouve pas, ou à la retraite), se pâmer devant la bande annonce, vantant presque le plus grand film français de tous les temps.


TF1 : "Gaston Lagaffe, plus vrai que nature."

Quant à la promo, la production avait mis les moyens (pour cacher le reste et faire de l'esbroufe ?). 

Rendez-vous compte. Allant même jusqu’à un immense stand sur le salon du livre, soi-disant sous couvert d’une exposition de planches de BD qui en fait n’étaient que des images du film, et une maquette de la voiturette du héros de papier. Ça, c’est vraiment de la promo : phagocyter le salon du livre. 

Sachant qu’à cet évènement, le pire du pire a été finalement d’assister à une parodie de faux procès de Gaston Lagaffe en plein samedi de prime time d’affluence. Une parodie que même Didier Porte a quitté en cours de route. C’est dire que déjà, on sentait le Tchernobyl de l’intelligence et du style.

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Car, en guise de catastrophe nucléaire de l’intelligence, le pire finalement c’est de voir aujourd’hui ces mêmes médias encenseurs mettre en avant des articles sur l’avis tranché de la fille de Franquin. Avis forcément négatif et pour cause. Des articles du genre « c’est quoi cette merde ? » fleurissent donc dès à présent dans vos journaux favoris. Et ils n'y vont pas avec le dos de la cuiller. Gros retournement de veste traditionnel.

C’est donc maintenant le procès de Pef, devenu l’idiot utile du cinéma français en manque d’inspiration. Qu’à cela ne tienne, il paiera pour tout le monde. Sortez le goudron et les plumes. 

Et avec lui, maintenant, la doxa médiatique va dire que le cinéma français est en pleine crise, voir en ruine, qu’il faut tout reconstruire. Une nouvelle catastrophe industrielle touche en effet la France. Et cette fois le nuage du désastre a bel et bien franchi la frontière. 

Il porte un titre de film. Gaston Lagaffe. Auquel on y ajoute allègrement celui de Pef. Puis, n’en jetez plus celui de l’acteur principal Théo Fernandez, passé en l’espace d’une semaine de grand espoir du cinéma français (dixit les « journalistes ») à grand malheur du cinéma français. Je vous demande de sortir le goudron et les plumes, vite !

Et il est vrai qu’avec de tels films on est en droit de se poser la question. Qu’est-il arrivé à Pef ? Lui qui nous avait offert une brillante adaptation musical de Spamalot des Monty Python, pourquoi est-il parti se fourvoyer dans l’adaptation d’une bd. Et pas n’importe laquelle, celle justement qu’il ne faut pas passer au cinéma.

l'affiche de gaston lagaffe sur lacn

On avait déjà eu droit une adaptation en 1981, FAIS GAFFE À LAGAFFE. Était-il vraiment utile d’en rajouter ?

Alors qui est finalement le plus à condamner ? Pef ? La fille de Franquin ? Les medias ? La production ? Les scénaristes ? Ou le petit théo qui a droit maintenant à sa matraque télescopique journalistique mais sans la visite d'Hollande resté avec ses croissants chauds chez Léonarda ?

Faites donc vos jeux.

Un conseil. Vous voulez profiter de Gaston ? Evitez le ciné, relisez la BD et laisser jouer votre imagination. Sinon, faites vous votre propre avis. Mais n’écoutez pas les médias.

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