Avec L'île aux chiens, Wes Anderson change de cap
Quatre ans après son dernier long à succès, THE GRAND BUDAPEST HOTEL, Wes Anderson nous invite à nouveau à la rêverie et l'évasion, cette fois avec un film d'animation L'ILE AUX CHIENS. Mais avec un fond nettement plus dramatique que d'habitude.
Quatre ans d'attente
Wes Anderson c'est un peu la Madeleine de Proust du cinéma. Il nous aura donc fallu attendre quatre ans pour pouvoir à nouveau déguster une de ses fameuses petites pépites. Mais l'attente en valait la peine.
Le réalisateur des mythiques LA VIE AQUATIQUE, LA FAMILLE TENENBAUM ou de A BORD DU DARJEELING LIMITED nous revient aujourd'hui dans un registre que l'on ne lui connaissait pas jusqu'à présent.
C'est en effet avec un message largement sombre et politique, tout droit sorti d'un monde dystopique, qu'il fait son grand retour.
Et cette fois, il a choisi d'explorer ce message sur le mode de l'animation, un mode déjà exploité avec succès dans FANTASTIC Mr. FOX en 2010.
La puissance du Stop Motion
Entièrement filmé en Stop Motion, plan par plan, le nouveau long métrage de Wes Anderson est un vrai défi.
Il a nécessité de photographier image par image l'ensemble des marionnettes dans chaque scène du film, mouvement après mouvement. Près de 900 marionnettes, excusez du peu.
Un travail titanesque qui a nécessité pas moins de 600 techniciens, dont 70 rien que pour les marionnettes et près de 40 pour l'animation pure.
Un travail titanesque qui a nécessité pas moins de 600 techniciens, dont 70 rien que pour les marionnettes et près de 40 pour l'animation pure.
Un peu moins de quatre années de travail ont donc été nécessaires pour arriver à ce résultat : un film achevé, et une histoire qui nous prend au tripes et surtout une prouesse technique. Un choix original, certes, mais surtout un gage de puissance artistique à ce film.
Sur un fond de dystopie
Avec ce long, Wes Anderson nous fait voyager sur les traces de cinq héros canins, accompagnant un jeune garçon de douze ans parti à la recherche de son meilleur compagnon à quatre pattes.
Je suis assez sensible aux films qui nous présentent des héros canins. Cela passe par WHITE GOD, mais aussi, niveau animation, par VOLT ou encore FRANKENWEENIE, dans un style dark et émouvant.
On aurait pu avoir droit, avec ce pitch, à un scénario gnan-gnan, qui sombre dans le pathos. En réalité, ce n'est pas du tout le cas. Ici, Wes Anderson décide de nous en offrir pour notre argent. Et surtout il se place en mode militant.
Car nous sommes dans un futur proche au Japon, dans la ville de Megasaki. Et autant dire que le décor qu'il plante nous fait immédiatement penser à l'après Fukushima.
Un scénario catastrophe
L'histoire s'appuie justement sur un scénario catastrophe, où, à la suite d’une épidémie de grippe canine, tous les chiens sont déclarés dangereux donc indésirables par le maire corrompu de la ville.
Les voilà donc déportés vers une île décharge, une île poubelle. Le parallèle est rapidement fait avec le continent de plastique qui gangrène l'océan pacifique, comme avec ces immenses décharges à ciel ouvert qui essaiment sur le continent africain.
Au cours du film nous allons donc suivre Atari, un jeune orphelin courageux, bien décidé à enfreindre la loi pour retrouver son fidèle compagnon, Spots, au milieu des détritus. Mais cette quête ne plaît pas à tout le monde...
Un film très politique
Wes Anderson ne lésine donc pas sur les symboles. On touche ici à des sujets qui le préoccupent, l'écologie, la pollution, mais aussi la corruption. Des sujets aussi que l'on trouve rarement dans un film d'animation. Un film très adulte, qui traite jusqu'au suicide, au trafic d'organe, bien loin des mièvreries de Disney.
Il n'empêche que, même si le film n'est franchement pas tout public aux USA, il sort en France accessible à tous. De quoi aussi sensibiliser les ados à une certaine critique politique de la société, et c'est tant mieux.
C'est l'occasion aussi de retrouver les voix originales des fidèles de la première heure ; Bill Murray, Edward Norton, Scarlett Johansson, entre autres, qui ont prêté leurs voix aux fabuleuses marionnettes.
Un film donc qui a du chien, à ne pas manquer.
L'ÎLE AUX CHIENS
Film d'animation Stop Motion de Wes Anderson
Sortie le 11 avril
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