LACN n°6 novembre-décembre 2002 : Zoom sur la consommation du cinéma en France
Pour fêter son 6ème numéro, LACN vous invite à visiter le parc cinématographique français ! youpi, on va pouvoir voyager dans les agglomérations et mettre les pieds dans des salles de ciné totalement inconnues !
Une offre à profusion
Bon d'abord on va calmer notre joie, ce n'est pas si simple que cela : Y'a quand même 36 565 communes en France d'après le dernier recensement de l'INSEE en 1999.
Donc dans la série "Y'a t'il un cinéma pour sauver chaque commune" voici une nouvelle enquête de notre détective de LACN !
En y regardant de plus près, on va s'apercevoir que nous, parisiens, on est quand même des veinards niveau offre cinéma. Voyons donc cela en détail.
En route vers l'infini et au delà !
En 2001, on compte 1 654 communes équipées d'au moins une salle de cinéma en activité, soit seulement 4,5 % des communes françaises.
Elles regroupent cependant près de la moitié de la population d'après les données du dernier recensement.
Les grandes villes sont les plus fréquemment équipées : la quasi-totalité des communes de plus de 50 000 habitants est dans ce cas, contre 2,9 % des communes de moins de 10 000 habitants.
La moitié des agglomérations est équipée
Les salles sont surtout implantées dans les communes urbaines. Près de la moitié des agglomérations, qui regroupent plus des deux tiers de la population, sont équipées.
Toutes les agglomérations de plus de 50 000 habitants ont au moins une salle, à l'exception d'Armentières (59) dont l'unique cinéma a fermé courant 1997, mais qui possède en revanche un asile d'aliénés et une remarquable pizzeria.
95,6% des communes de 50 000 à 100 000 habitants étaient équipées d'au moins une salle.
Les centres des grandes villes sont généralement mieux dotés en salles que leurs banlieues, bien que l'implantation de multiplexes à la périphérie des plus grandes communes françaises compense progressivement ce déséquilibre depuis quelques années.
Avantage aux agglomération de plus de 100 000 habitants
73 % des entrées sont réalisées dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, qui regroupent moins de la moitié des Français.
L'occupation des fauteuils s'accroît très rapidement avec la taille de la commune. La fréquentation plus élevée des salles dans les plus grandes villes n'explique pas tout.
Le taux d'occupation des fauteuils y est souvent plus fort que dans une petite commune, même si les indices de fréquentation sont comparables.
Dans les grandes villes, en effet, la programmation s'étale sur l'ensemble de la semaine et les salles proposent plusieurs séances par jour.
En revanche, dans les petites villes, les salles peuvent avoir une programmation plus réduite.
Revers de la modernisation du parc de cinémas dans les grandes villes : la fréquentation y augmente maintenant moins vite comparée aux communes rurales.
Si le cinéma reste une pratique urbaine, il n'en est pas pour autant moins présent dans les communes rurales.
Dans les communes rurales, on enregistrait, fin 2001, 14 entrées par fauteuil dans les communes de moins de 10 000 habitants contre 193 entrées par fauteuil pour celles de 100 000 à 200 000 habitants.
Combien ça coûte ?
Le prix du billet est, en moyenne, plus élevé dans les communes les plus peuplées.
Il faut compter plus de 6,16 euros en moyenne à Paris contre environ 5,10 euros dans les plus petites communes.
Plusieurs facteurs liés à l'exploitation peuvent expliquer ces écarts.
Les plus gros exploitants sont beaucoup plus présents dans les villes de taille importante et leur politique tarifaire est différente de celle qui est appliquée dans les villes plus petites, dans la mesure où les grandes communes bénéficient des films dès leur première semaine d'exploitation.
En outre, les charges des exploitants sont certainement plus élevées dans les grandes villes.
Une fréquentation en progression
En 2001, la fréquentation a progressé de 12,2 % en France par rapport à 2000.
Cette hausse se répercute davantage dans les petites communes rurales que dans les grandes agglomérations, notamment celles de plus de 100 000 habitants qui enregistrent les plus faibles progressions d’entrées entre 2000 et 2001.
Le marché, dans ces agglomérations dont l’équipement a fait l’objet de fortes modernisations et de nouvelles constructions ces dernières années, atteint probablement un niveau dont les variations ne sont plus dépendantes que de la programmation.
Paris est magique !
Paris fait figure de cas à part et se distingue même au niveau mondial par un patrimoine de salles de cinéma unique au monde.
En 2001, 373 salles regroupées dans 94 établissements étaient en activité dans la capitale. Les salles parisiennes ont réalisé plus de 31 millions d’entrées en 2001, soit 16,8 % de la fréquentation nationale et 8 % de plus qu'en 2000.
Si les Champs-Elysées et le VIème arrondissement restent des lieux privilégiés de sorties cinématographiques, les quartiers des Halles et de Montparnasse sont devenus tout aussi attractifs avec leurs deux multiplexes en activité depuis quelques années (UGC Ciné Cité les Halles et Gaumont Parnasse).
Le XIIème arrondissement, qui abrite l’un des deux multiplexes les plus récemment ouverts, gagne des parts de marché et sa fréquentation augmente sensiblement.
Le multiplexe de Bercy assure l'émergence d'un nouveau pôle cinématographique à l'est de la capitale.
Dans un contexte de progression globale, quatre arrondissements réalisent moins d’entrées qu’en 2000, notamment le Vème et le IIème arrondissements qui souffrent de la concurrence malgré un nombre de salles conséquent.
Le Paris Ciné, fermé pour travaux au cours de l’année 2001, provoque une chute sensible dans le Xème arrondissement.
Avec la réouverture de la Pagode, le VIIème arrondissement a retrouvé deux salles de cinéma : tous les arrondissements de Paris sont désormais équipés.
Au total, plus de la moitié des salles sont concentrées dans 5 arrondissements qui accueillent plus de 55 % des spectateurs de la capitale. Six établissements comptent plus de 10 salles à Paris : UGC Ciné Cité les Halles (19 salles), UGC Ciné Cité Bercy (18 salles), Gaumont Aquaboulevard (14 salles), Gaumont Parnasse (12 salles), Pathé Wepler (12 salles) et UGC Georges V (11 salles).
Le tiers des salles dans treize départements
Les départements les mieux équipés en salles de cinéma ne sont pas seulement ceux dans lesquels sont localisés les principaux pôles d'activité et de population du territoire (Paris et ses départements limitrophes, les Bouches-du-Rhône, le Nord, la Gironde, le Rhône...).
Parmi eux se trouvent aussi des départements des massifs alpins (Savoie et Haute-Savoie) et du littoral atlantique et méditerranéen, dont l'équipement cinématographique est dimensionné de manière à accueillir la clientèle touristique en saison.
C'est en partie à cause de cette "surcapacité" que le nombre de salles par habitant, appelé aussi indice d'équipement cinématographique, est souvent plus élevé dans les départements de la moitié sud que dans ceux du nord.
Mais cet écart s'explique surtout par le fait que la pression démographique est moins forte au sud de la France : il existe dans le nord plusieurs départements qui, malgré un nombre important de salles, présentent un faible indice d'équipement du fait de leur très fort effectif de population.
Les départements de la région parisienne (hors Paris) en fournissent la meilleure illustration puisque leur indice d'équipement figure parmi les plus faibles de France alors qu'ils sont parmi les mieux dotés en salles.
La moitié des entrées dans quatorze départements
En terme de fréquentation, quatorze départements totalisent plus de la moitié des entrées nationales : Paris et ses départements limitrophes, les Bouches-du-Rhône, le Nord, la Gironde, le Rhône sont les zones les plus dynamiques.
Bien que la France soit l'un des pays qui disposent du réseau de salles le plus dense, la fréquentation cinématographique est très inégalement répartie sur le territoire. Quatorze départements totalisent plus de la moitié des entrées.
Paris arrive largement en tête avec 31,3 millions d'entrées. Le Nord et le Rhône dépassent les sept millions d'entrées.
Les Bouches-du-Rhône totalisent 6,7 millions d’entrées. Dans quatorze autres départements très urbanisés, le nombre d'entrées est supérieur à trois millions en 2001.
A l'autre extrême, le nombre d'entrées est très faible dans des départements ruraux : moins de 120 000 en Lozère, 179 000 en Corse du Sud, 182 000 en Haute-Corse et 185 000 dans la Creuse.
56 départements au sein des 21 régions métropolitaines sont équipés de multiplexes
Quant aux multiplexes, en 2001 ils étaient implantés dans 56 départements, dont principalement l'Ile de France, le Nord-Pas-de-Calais, la Provence-Alpes-Côte-d'Azur, le Rhône-Alpes et les Pays de la Loire.
21 des 22 régions françaises (toutes exceptée la Corse) étaient ainsi dotées d'au moins un multiplexe à la fin de l'année 2001.
C'est surtout dans les régions les plus peuplées que ces établissements ont été implantés jusqu'à présent : Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Rhône-Alpes et Pays de la Loire rassemblaient, à la fin de l'année 2001, près de 52 % des écrans et des fauteuils construits jusqu'à cette date au sein de multiplexes.
Enfin, 30% des salles Art & Essai sont concentrées sur deux régions : l'Ile de France et la région Rhône-Alpes.
Bref maintenant vous savez presque tout sur le paysage cinématographique français.
Il ne vous reste plus qu'à aller faire un tour dans une petite salle obscure de province.
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