L'expérience unique de DAU à Paris

DAU vous emmène dans l'Union Soviétique, entre 1938 et 1968. Rendez-vous pour cela au Théâtre du Châtelet et au Théâtre de la Ville, sans oublier le centre Georges Pompidou, jusqu'au 17 février.

DAU vous emmène dans l'Union Soviétique, entre 1938 et 1968. Rendez-vous pour cela au Théâtre du Châtelet et au Théâtre de la Ville, sans oublier le centre Georges Pompidou, jusqu'au 17 février.

S'il est une expérience artistique à la fois immersive, cinématographique, expérimentale et sociale, c'est bien DAU actuellement à Paris.

Mais c'est une expérience qui ne plaira pas forcément à tout le monde.

La genèse de l'évènement

DAU est un projet unique, à la croisée des chemins du cinéma, d'un Loft Story stalinien, de la performance scénique, de l'expérimentation sociale et artistique, de la science et de l'architecture. Un projet protéiforme en somme.

Un chimère conçue et réalisée par le cinéaste russe Ilya Khrzhanovsky dans la foulée de son long métrage de fiction.

Un long qui sert de rampe de lancement à ce projet fou. DAU.

DAU vous emmène dans l'Union Soviétique, entre 1938 et 1968. Rendez-vous pour cela au Théâtre du Châtelet et au Théâtre de la Ville, sans oublier le centre Georges Pompidou, jusqu'au 17 février.

DAU est une épopée pluridisciplinaire qui réunit plus d'une centaine de participants volontaires, des artistes, des savants, des hommes, femmes, enfants, des quidams et des criminels. Un condensé de ce qu'est la société d'aujourd'hui et qui va être projeté dans l'Union Soviétique.

Un lieu unique à Kharkov

Tout ce petit monde volontaire, et rémunéré, est trié sur le volet pour intégrer l'expérience. Celle-ci prend la forme d'un tournage entre 2009 et 2011, dans un hangar de plus de 12000 mètres carrés, à Kharkov en Ukraine où est reconstruit à l'identique un institut moscovite de recherche en physique.

À l'intérieur y est rassemblé plusieurs centaines de participants, choisi après sélection. Les voilà renvoyés de leur propre gré dans une autre dimension : celle du passé.

Dans ce monde remis à jour pour l'occasion, ils vont vivre, travailler, s'habiller comme à l'époque, ils vont se côtoyer jour après jour, s'aimer, se trahir, se détester, et avoir des enfants, une dizaine durant les trois ans. Le tout, comme dans l'URSS des années Staline.

Le seul critère qui les encadre, c'est un règlement strict ; uniformes, langage, monnaie d'échange, qui régit leur existence et garanti leur fidélité au projet et aux années révolues dans lesquelles ils vivent. 

DAU vous emmène dans l'Union Soviétique, entre 1938 et 1968. Rendez-vous pour cela au Théâtre du Châtelet et au Théâtre de la Ville, sans oublier le centre Georges Pompidou, jusqu'au 17 février.

Un règlement qui implique d'être filmés, par intermittence, sans script, ou sommairement, et sous l'improvisation du réel et de la vie.

Des milliers d'heures de rush

Au terme de ces trois ans d'antenne, ce sont pas moins de 700 heures de pellicule qui ressortent sous la forme de 13 longs métrages, des séries et documentaires encore en cours de montage.

DAU, c'est donc un foisonnement d'objets cinématographiques. C'est sans fin, presque inépuisable, un vraie exploration de l'âme humaine, dans ce qu'elle a de mieux et de pire.

Filmé comme à l'époque, avec les voix originales non remplacées, seulement doublées selon la technique soviétique, DAU étonne, choque, interpelle, lasse, énerve et séduit. Difficile de ne pas s'attacher aux personnages, des personnages qui n'en sont pas car ce ne sont justement pas des personnages, ce sont des véritables personnes, des participants comme vous et moi.

Que retenir de DAU

Dévoilé en première mondiale au public français à Paris, DAU bénéficie de lieux éphémères extraordinaires, parfaits pour accompagner l'expérience d'immersion, pour propulser dans l'époque, grâce à une scénographie puisante.

Du 24 janvier au 17 février (prolongations à venir), le Théâtre du Châtelet et le Théâtre de la Ville accueillent l'évènement à la faveur de leur rénovation. S'ajoute à cela le centre George Pompidou.

il y a deux façons de voir et de vivre DAU. La façon française, vierge et sans recul, qui parfois fonctionne et s’enrichit négativement du malentendu colporté dans les médias et le bouche à oreilles et s’appuie sur les travers caractéristiques du pays. 

Cela donne une organisation parfois maladroite pas forcément appropriée à ce concept inédit et novateur, ni a l’ampleur symbolique de l’événement et un ressenti critique de la part de certains visiteurs made in France qui râlent et demandent parfois a être remboursés sans comprendre le but ni la force de l’immersion. 

Il y a aussi de quoi, lorsque l'on se rend compte que l'organisation n'est pas idéale, que les choses ont peiné à se mettre en place, que le lancement et le brief des équipes s'est presque fait sous le sceau du manque d'information et de la découverte, que les vigiles se trouvent en nombre et pas forcément au fait de l'expérience et de sa portée. Sentiment d'oppression, impression d'improvisation ? Une tendance très française.



La force du vécu

Et puis il y a l’autre façon d'apprécier DAU. Celle qui consiste à laisser à la porte ses préjugés et ses attentes, à oublier les contingences. 

Et l'on découvre que c'est celle des visiteurs sensibilisés à l’époque couverte par ce voyage dans le temps. 

Ce sont souvent des visiteurs provenant des pays de l’est, en particulier de Russie et d’Ukraine. 

Eux, ont tout compris. Ils sont au fait de la portée symbolique de cette immersion, de sa valeur historique et de son envergure sociologique. Ils connaissent. À tel point que beaucoup d’entre eux en ressortent troublés voire bouleversés. C'est là que l'on reconnaît le véritable fossé entre l'est et l'ouest. 

DAU leur parle directement, les implique, alors que DAU ne nous touche qu'à peine, nous dérange.

Que penser de DAU ?

DAU n’aura sans doute pas le succès escompté à Paris. Mais dans une ville autre qu’en France ou dans une capitale de l’est, je pense que l’accueil aurait été tout autre tant cette immersion a de valeur historique, symbolique et societale. 

Pout ma part j’ai adoré cette plongée en eaux troubles. Même si l'horaire choisi, 6h du matin un dimanche, empèche d'accéder très tôt à certains évènements. Cependant, la durée du visa de 6 heures, permet d'y accéder par la suite, sauf pour le centre Georges Pompidou, faute de temps et à cause d'une queue trop longue. Au moins l'horaire tôt le matin permet d'être au calme et de profiter. Les horaires suivants rassemblent plutôt trop de monde, presque trop. Préférez la visite de 21:00.

En terme de ressenti, ça passe ou ça casse. Pour ma part, j’ai adoré, surtout le Théâtre du Châtelet et les sous sols et les appartements prives du Théâtre de la ville avec les gens qui y vivent 24h/24 et le clou du spectacle c’est Future ou l'on rencontre ceux qui ont conçu les mannequins et on les voit bosser et discuter avec eux. 

Ensuite, les films sont très intéressants mais je comprends qu’on déteste. C'est assez cru, trash, cela reflète la vie. 

C’est dommage que l’explication de ces films (avec le Trailer) ait lieu dans une salle au sous sol du châtelet alors que ce devrait être la première chose que l’on voit quand on arrive pour comprendre l’immersion. 

Je conseille la dégustation de vodkas dans le bar du châtelet et la rencontre avec les chamans mais ils n'en font qu’à leur tête pour apparaître, à leur guise, selon leur envie. 

Je n’ai pas fait le centre Pompidou a cause de la queue immense. Rien n’est prévu pour un fast pass avec le visa. Hélas. 

Des choses seraient à revoir, mais cette expérience inédite mérite le détour, pour une immersion plus longue et encore plus personnalisée.


DAU
Jusqu'au 17 février 2019 (sous réserve de prolongations)

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