Quand James Bond dégaine le plan marketing de Spectre

La toile bruisse de rumeurs depuis la sortie du premier teaser de James Bond 24e du nom : Spectre. Retour sur un plan marketing bien ficelé. Ou pas.



Sérieux le James, après avoir récupéré les clés de la DB10

Première étape : comment se sortir une épine du pied


Petit retour en arrière. Souvenez-vous, tout a commencé avec la divulgation des "Sony Leaks" le 24 novembre dernier par un groupe de hackers, le #GOP (Guardians Of Peace).

A l'origine, on parle de représailles avant la prochaine sortie de THE INTERVIEW, film potache sans aucun intérêt qui se moque du leader Socialiste Nord-Coréen, François Hollande, oups, mon clavier a fourché, impossible de corriger, ma touche retour ne fonctionne pas, en l'occurrence il s'agit en fait de Kim Jong-Un...

Démarre alors un immense chantage aux studios Sony et un scandale, au cours duquel de nombreux mails confidentiels sont révélés. À cet instant on n'en sait pas plus, mais autant dire que chez Sony, ça s'agite et on fait même dans son froc. C'est aussi grave docteur ?

Mais bon, la vie continue et pendant ce temps-là, la promo du prochain James Bond se met en place tranquillement.

Deuxième étape : feindre l'ignorance


Le 4 décembre, la première affiche est jetée en pâture aux fans, en guise de teaser. Le bébé se présente bien. Il s'appellera SPECTRE et sortira le 6 novembre 2015. Jusqu'ici tout va bien...




Dans la foulée, le grand show peut commencer avec la présentation du casting. Le planning est savamment minuté, avec un démarrage du tournage fixé au 8 décembre.

Pendant la conférence de presse, sont réunis aux studios Pinewood autour du réalisateur Sam Mendès, Daniel Craig, Christoph Waltz pressenti pour être le méchant de service et deux James Bond Girls, à savoir Léa Seydoux et Monica Bellucci.

Une partie de l'équipe de tournage, bras dessus, bras dessous

Évidemment, tout ce petit monde se retrouve sur scène pour présenter ... l'Aston Martin DB10, série spéciale développée pour l'occasion et produite à seulement 10 exemplaires. On se dit alors que tout semble parti sur les bons rails. Mais ça, c'est avant le drame...

Troisième étape : les Sony Leaks contre-attaquent


Car c'est sans compter sur le #GOP. Il passe alors à la vitesse supérieure. Parmi les documents dérobés, se trouvent ceux correspondant au script du futur James Bond, le fameux bébé Spectre.

"Dis-donc, Rocco*, on va en faire quoi de ces mails ?"
"Écoute, t'as qu'à les envoyer, Louis-Marie-Émile-Barnabé*. Un mail, c'est fait pour être envoyé, non ?"

(*Les noms ont été modifiés)

Et patatras, on découvre alors l'envers du décors. Jusqu'à présent ça chargeait pas mal sur le sale caractère d'Angelina Jolie dans les mails de Scott Rudin, producteur influant de la Major. Quant à ses conversations perso avec la coprésidente de Sony Picture, Amy Pascal, elles étaient assez éloquentes contre Barrack Obama, jugé trop noir (et avec des goûts trop prononcés pour les films d'esclaves et de gladiateurs), au point de la pousser finalement à la sortie quelques semaines plus tard.

Mais maintenant on va pouvoir en savoir plus sur la vision qu'ont les dirigeants du studio à propos du tournage. Et en matière de remarques corrosives, autant dire que Scott Rudin et Amy Pascal savent y faire.

Et de les voir alors se plaindre d'une histoire hideuse et laborieuse, avec une fin trop prévisible limite gnan-gnan, et des intrigues déjà vues. Bref, en gros, on découvre alors un scénario mal ficelé, insatisfaisant et pour tout dire pas assez bankable.

Dans ce qui fuite, on apprend aussi que le script débute à Mexico, où James Bond va quasiment détruire la ville au cours d'une bagarre dont il a le secret, puis qu'il se rend en Europe pour séduire Monica Bellucci et lui soutirer des infos sur le Spectre. Il faut dire qu'il peut séduire, avec une DB10...

Voici la caisse qui servira à James pour lever les minettes. Miaou !

À noter que, dans le langage James Bondien, lorsqu'on dit "soutirer des informations", il faut entendre tirer sous la couette. Donc Monica passera à la casserole. À sa place j'aurais pris Léa Seydoux, plus jeune et fraîche.

Mais apparemment, le tir à l'arme de poing (on ne parle pas de fist, s'il vous plaît), cela ne suffit pas pour les producteurs qui en veulent toujours plus.

Quatrième étape : Sony remet les pendules à l'heure avec le Teaser


Histoire de reprendre la main comme au poker, et pour échapper aussi aux critiques, Sony repart en croisade et lance cette fois l'artillerie lourde. Le plan marketing corrigé peut alors appuyer de tout son poids la promo du film.

Tout d'abord avec les comédiens, lancés comme des lévriers sur les plateaux TV, mais avec des consignes bien précises : ne rien révéler. Chez nous, on a lancé Léa Seydoux dans les JT, histoire de parler pour ne rien dire et d'entretenir la flamme des fans.

Parallèlement, on inonde les magazines et les émissions TV spécialisées dans l'automobile bas de gamme, d'images et de reportages stériles sur le phénomène Aston Martin, avec évidemment la future DB10 dont on ne sait pas grand chose après coup.

Et pour finir, voici venu le temps des rires et des chants, ou plutôt des bruits de moteurs, de bottes et de pistolets automatiques. C'est l'heure du Teaser. À mon tour de vous le livrer si vous ne l'avez pas déjà vu, ce qui m'étonnerait.





Quoi en dire au final ? Pas grand chose, sinon que Sony a réussi à entretenir le Buzz malgré le pire scandale de son histoire. Et peut-être aussi que toute cette affaire a contribué à faire monter la sauce de l'attente. Rendez-vous donc au prochain teaser du plan marketing.

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