Le Top 10 +2 des raisons de détester les César
La 40e cérémonie des César, récompensant la grande famille du cinéma français, s'est déroulée ce 20 février. Inévitablement, c'est un film bien-pensant et bien sombre comme l'actualité qui a décroché la quasi totalité des principaux prix. Mais cette cérémonie fastueuse a, comme d'habitude, brillé par son ambiance débridée, ce qui la place parmi les moments inoubliables de la télévision française, après les Victoires de la Musique.
D'où ce petit top 10 des raisons pour lesquelles je déteste les César depuis maintenant plusieurs années. (mais je regarde quand même, enfin presque). C'est parti !
Des blagues qui tombent à l'eau et font même pas plouf
L'habitude a été prise depuis de nombreuses années de scénariser le moment clé de la remise de l'étron doré en guise de trophée. Il faut dire que tout cela était tellement convenu et académique. Alors on a eu l'idée d'écrire des sketchs ou plutôt des scènettes. Cela fonctionnera lorsque l'on fera écrire tout cela par des professionnels, de vrais scénaristes et dialoguistes, et bien sûr des gens drôles, et surtout lorsqu'on les fera jouer par de vrais comédiens. Ah bon ? C'est déjà le cas ? Mince, c'est vraiment la crise des vocations...
Un public débridé, hilare et heureux d'être là...
Mais ça, c'est lorsque la caméra se braque sur lui. En dehors du temps on distingue furtivement que les invités de l'ambassadeur ne sont pas là pour le bon goût du maître de maison. Ils sont là pour se faire chier, malgré tout le mal que se donne la production pour faire croire que tout ce petit monde est plein de joie. Pas évident il est vrai pour un réalisateur, même chevronné, de ne filmer que des sourires feints quand tout le monde fait la gueule.
Et encore, on avait prévu de faire des sketchs plus long, mais on a raccourci
Entre deux scénettes que l'on feint de croire improvisées, mais qui au final restent tout de même ratées, il y a des intermèdes. On y place alors des sketchs ou des extraits de film. Moi j'y trouve un intérêt : il faut bien aller faire pipi ou regarder ce qu'il y a sur les autres chaînes. Pour ceux qui restent devant leur écran, comme pour ceux qui sont coincés dans la salle sans pouvoir s'échapper, tout le petit monde, et même le petit immonde, a le loisir de voir alors des sketchs d'une longueur digne d'un discours de Fidel Castro, mais avec des chutes d'une rigidité cadavérique. Comme Fidel Castro ... Oups...
Coco, ils ne se font pas assez chier et ils n'ont pas l'air assez triste, rajoute une couche d'hommage larmoyant
Tout est dit, on va passer une vidéo listant les artistes disparus cette année. Pour la musique, on mettra un truc bien gnan-gnan. Les larmes artificielles sont livrées à l'entrée de la salle.
Tu vas bientôt mourir ? Vite, un César d'honneur !
Cela n'y coupe pas. On nous balance alors un comédien parfois sorti de nulle part... On a alors la surprise de le redécouvrir des années plus tard, dans un état quasi grabataire. Mince, c'est dommage, j'avais jusque-là un souvenir de lui dans sa jeunesse. Le pauvre. Hop, séquence émotion ! Standing ovation ! Tout y est. (Coco, rajoute des larmes !)
Y'a-t-il un présentateur "entertainer" sur scène pour sauver la soirée ?
Hier, la seule originalité et exubérance de Edouard Baer était un noeud papillon dénoué. On est loin de Neil Patrick Harris en 2010. Quand un présentateur des Cesar sera au niveau de Hugh Jackman en 2009, vous me préviendrez...
Des clins d'yeux à nos amis les politiciens, qu'on aime beaucoup (ils ont les sous des impôts)...
Voilà un travers très français. On sert la soupe au "Pouvoir", sous des faux airs de le vanner ou de le titiller malicieusement. C'est invariablement le ou la ministre de la culture qui se fait coller au porte manteau. L'air gêné, ce dernier fait mine d'apprécier (Ah, ah, ces troubadours, ménestrels et saltimbanques subventionnés sont tellement drôles, ils font rire le Roi). Mais on sait très bien que ce petit monde ne peut pas se blairer et pourtant ils finiront après au Fouquet's gavé de petits fours, caviar et champagne. Quand à Julie, elle fini invariablement dans le plumard du roitelet.
N'oublions pas les intermittents
Ou très souvent ce sont eux qui ne se font pas prier pour qu'on ne les oublie pas. Chaque année ils débarquent, tels des syndicalistes ivrognes de la CGT, pour vociférer sur scène, scandant leurs sempiternels slogans sur la mort de leur statut. Il ne manque que le caddie avec les merguez et la bière.
Comme dans les mariages il y a toujours un invité bourré qui fait scandale
C'était un temps la famille Depardieu, avec Gérard ou Julie, avant que Gégé ne soit condamné à l'exil politique et extradé vers la Russie... Bref, il y en a toujours un qui a un peu abusé de la picole dans les coulisses. Et c'est souvent un remettant. Il faut dire que c'est un peu le stress d'entrer sur scène pour sortir des vannes pas drôles et dépouiller une enveloppe devant un public de marbre, voire même un public qui se fait tellement chier au point d'en devenir hostile.
Ouech, ouech
C'est comme partout, il y a des quotas, histoire de montrer au monde entier qu'on est ouvert et tolérant, et surtout qu'on est Charlie. Bref, l'art d'être politiquement correct, surtout devant le/la ministre. Et surtout il faut montrer qu'on est à la page, un peu comme Mitterand est "cablé". Donc on nous met un jeune de banlieue qui vient refaire la réforme de l'orthographe par ci, un émigré du 75016 par là, qui imite en vain l'accent rebeuh dans une envolée lyrique d'acteur de collège de ZUP. N'en jetez plus. Ah bon ? Ce sont de vrais comédiens ? Et payés en plus ? Pardon...
Faire croire qu'on est international du monde, étendard de la planète cinéma
La renommée mondiale et galactique des César du Cinéma Français est à ce prix. Alors on fait venir à prix d'or un vrai comédien, payé en espèce sonnante et trébuchante, en vin, bon resto et parfois en coke et en putes. Hier c'était Sean Penn. C'est surtout histoire de lui montrer qu'on sait faire. Charge à lui de rester assis pendant toute la soirée (interdiction de partir), de ne pas pouffer de rire désespéré et nerveux, et de ne pas s'endormir. Et surtout d'arborer un sourire béat et de rire à des blagues que même la salle ne comprend pas. "Ah, ah, ah, this is so French ! Je rire très beaucoup, yes, très bon soirée, déjà vous" ! Finalement, le plus grand acteur de la soirée c'est donc lui, dans un rôle de composition mémorable. A tel point que les Oscars songent à créer une récompense supplémentaire : le prix du meilleur acteur emprisonné dans une cérémonie des César.
Tout le monde se met sur son 31. Ou pas...
A Cannes on a la montée des marches, flamboyante d'excès vestimentaire et de classe. Au Châtelet on a un tapis rouge. C'est la seule note de couleur de la soirée. La Fashion Police est en deuil chaque année aux César. Et comme tous les ans ou presque, la palme d'or de la coiffure revient à Sabine Azéma.
Lèche bottes blues
Puisqu'en France, tout fini par une chanson, je ne résiste pas à l'hommage de Monsieur Eddy. Lui, il a tout compris, même s'il n'a pas Free. "Je remercie aux César toute l'équipe sans qui je ne serais pas star"
Bref. J'arrête ici, il y aurait trop à dire. En fait, c'est drôle, mais c'est toujours la même chose. Et moi je me fais toujours avoir, pensant qu'enfin la prochaine cérémonie des César sera du niveau des Oscars. Eh bah, non.
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