Oscar Goldman vaut plus que trois milliards


Oscar Goldman, un personnage de série qui deviendra l'icône de la science moderne.

Visage Oscar Goldman



A l’heure où la communauté scientifique mondiale vit ses heures de gloire en engraissant les multinationales et en vendant son âme au diable, LACN a retrouvé pour vous la trace d'un héros scientifique majeur.

Un savant et philosophe que l’on aurait presque oublié et qui pourtant, à l’époque, a guidé des générations d’étudiants tout droit vers la Terminale C.

Un monument des années 70

L'homme dont nous allons parler est un véritable monument des années 70. Un Dieu vivant qui serait presque le plus grand visionnaire scientifique du 20ème siècle, le cerveau des temps modernes, le génie que personne n’a jamais égalé. C'est ainsi, en tout cas, que ses créateurs l'ont voulu.

A tel point qu'ils ont concocté pour lui la catch-line la plus percutante du monde des séries TV. Excusez du peu : 


Steve Austin. Un homme tout juste vivant. Messieurs, nous pouvons le reconstruire. Nous en avons la possibilité technique. Nous sommes capable de donner naissance au premier homme bio-ionique. Steve Austin deviendra cet homme : il sera supérieur à ce qu’il était avant l’accident. Plus fort, plus rapide. En un mot, le meilleur.

Le générique de l'homme qui valait 3 milliards reste encore aujourd'hui une référence. Or, si l’on connaît avant tout sa création, l’homme qui valait 3 milliards, on ignore en revanche tout, ou presque, de son inventeur ; l’homme qui dépensait 3 milliards, c'est-à-dire le fameux Oscar Goldman. LACN va donc réparer cette erreur.

Avant l'homme qui valait 3 milliards, il y avait l'homme qui dépensait 3 milliards 


D’abord, on parle de milliards de francs de l’époque, ce qui, dans la version originale, se résumait davantage à des millions de dollars, c'est-à-dire 6 en l’occurrence. Cela fait déjà moins sexy "The 6 million dollar man".


the six million dollar man

Du coup, en France, on a préféré dire 3 milliards, histoire d’impressionner les spectateurs et de les pousser à regarder la série. Mais pour la plupart des gens le héros c'est Steve Austin, tout le monde ignore que le vrai coupable c’est lui ; l’homme qui dilapide l’argent du contribuable.

Et pire, quand on sait qu’il est à l’origine non seulement de Steve Austin, mais aussi de Super Jamie (sans parler de leur chien et de leur fils qui seront convertis au bio-ionisme dans les années 80, mais que nous n’évoquerons pas ici), on obtient la fabuleuse somme de 12 millions de dollars.

Et encore, parce que l’on table sur la parité homme-femme pour effectuer les calculs, ou sur la théorie du genre si chère à notre gouvernement. En effet, personne ne s’est jamais posé la question clé.


Steve Austin a-t’il été plus cher à construire que Super Jamie ?

Voici en exclusivité un petit comparatif entre Steve Austin et Super Jamie

Pour Steve Austin : 1 navette détruite (coût 105 millions de dollars) + la reconstruction (inclus le SAV avec la hotline "Allo, Oscar Goldman 30 minutes j’écoute" et le retour atelier pour révision des 15 000 km ; soit 6 millions de dollars) = Total ; 111 millions de dollars.


Pour Super Jamie : 1 saut en parachute (coût 250 dollars) + la reconstruction (inclus le SAV avec la hotline "Bip, Oscar Goldman n’est pas disponible pour le moment, veuillez rappeler ultérieurement" et le retour atelier pour remise des compteurs à niveau et graissage de la tuyauterie ; soit 6 millions de dollars) = Total ; 6 millions et 250 dollars.


Donc, si l’on ne tient pas compte des dépenses d’habillement (juste un survêt orange pour Steve Austin), la réponse est Oui.


Poupée oscar goldman

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la femme bio-ionique est plus économique à construire que l’homme bio-ionique. 

Et cela sans compter les économies d’échelle si l’on avait pu se lancer dans la grande série plutôt que d’en rester au stade du prototype ultra secret. Et quand on pense que l’on aurait pu délocaliser la fabrication en Chine ou en Indonésie, on n’imagine pas toutes les économies qui auraient été faites.

Oscar Goldman n’est pas partageur

Rien de tout cela, car Oscar Goldman a son petit caractère. C’est un homme de secret, il a gardé ses petits protégés pour lui, mettant en place une vraie conspiration du silence autour d’eux et nous cachant délibérément tout, à commencer par leur prix. Encore la faute à Oscar.

Inutile de dire qu’au premier abord, ce personnage nous laisse une impression plus que mitigée. On dirait presque un premier ministre français. Froid, presque austère, pétri de certitudes au point d’en devenir arrogant, une seule question nous vient à l’esprit en le voyant. "Mais pour qui il se prend ce mec avec ses grosses lunettes, sa mallette et son costume mal taillé ?"

Bon, ok, il a inventé l’homme bio-ionique, mais cela n’empêche pas d’être aimable. Avec ses expressions du genre ; "Messieurs, nous pouvons le reconstruire", on a surtout l’impression qu’il se la raconte. Ce n'est pas grand chose, mais c'est déjà un handicap.


Photo de Oscar Goldman en costume
Votez Oscar Goldman


Les scénaristes partent de loin pour humaniser Oscar Goldman

Le pool de scénaristes travaillant sur la série va donc devoir relever un terrible challenge. Ce personnage froid et, il faut bien l’avouer, inintéressant, doit être humanisé. Il y a du travail dans sa caractérisation.

A sa décharge, on peut lui trouver certaines circonstances atténuantes. Dire par exemple que ce n’était pas facile tous les jours pour lui. Avec ses drôles d’idées révolutionnaires, son rêve de jouer à l’apprenti sorcier, tous ses confrères se moquaient largement de lui, essentiellement à la cantine lorsqu’ils faisaient tomber les plats à ses pieds et qu’ils lui disaient "Eh, neuneuil, t’es même pas cap’ de tout reconstruire". Dans ces conditions, Oscar se retrouvait la plupart du temps tout seul, fulminant sa vengeance dans son laboratoire secret. "Je me vengerai ! Je vais conquérir le Monde".

Oscar Goldman

Pour ne rien arranger, une fois qu’il aura réussi son pari, c’est son homme bio-ionique qui va lui voler la vedette. Drôlement ingrat le Steve.

Excédé, Oscar se plaindra à la production, refusera même de retourner à la cantine, entamant une grève de la faim. La production sera alors obligée de céder et lui donnera l’immense privilège d'enregistrer la voix off du générique de la série, ce qui va en faire immédiatement un héros.

Et encore, il avait insisté pour dire pendant son speech "Moi, Oscar Goldman, constructeur de Bio-men, je vais le reconstruire". Mais la production refusera, arguant que cela faisait trop penser aux publicités bas de gamme "Moi, Jacques Dessange, le coiffeur des stars, je vais lui faire des mèches blondes", ou encore "Moi, Pierre Barthès, champion de tennis, je vais vous préparer un thé". En même temps, s'il avait voulu vraiment être méchant avec Steve, il l'aurait transformé en Conchitta Wurst.


Un générique aussi culte que la série

Mais revenons au générique. Avec lui, voila donc lancées les bases d’une série qui va enflammer des millions de foyers américains. Tous les ingrédients sont réunis en effet pour en faire un succès.





l'homme qui valait 3 milliards générique par AUSTRALINES



Un héros emblématique en la personne de Steve Austin

D’abord le Colonel Austin. Ce beau gosse baraqué et sexy, astronaute de son état, pilote des navettes jusqu’à leur limite. Un peu casse cou sur les bords, il va finir par se planter lamentablement en loupant son atterrissage. 

On prétextera un incident technique mais peut-être s’agit-il d’un sabotage opéré par ces ignobles espions bolchéviques, cette vermine communiste qui infeste les rangs de la NASA. 

On ne le saura jamais et la bible des personnages n'y fait pas allusion. En tout cas, en guise de début, nous aurons droit à des images du crash, un très beau crash, cela dit, digne du Grand-Prix de Suzuka.

Oscar Goldman, le Père Fouras de la science et grand gourou à la Steve Jobs

Le crash de Steve Austin est l'élément déclencheur qui va projeter Oscar sur le devant de la scène. Voilà que notre héros scientifique intervient pour sauver ce qu’il reste du malheureux colonel.

Alors lui, il est tout à la fois, d’où le respect qu’on lui doit. Oscar dirige en effet un projet gouvernemental top secret d’agents « cyborgs » au sein d’une entité de la CIA qui n’existe pas, mais qui s’appelle l’OSI, l’Office of Scientific Intelligence, un truc bien louche où l’on ne trouve que des gens très intelligents, avec un double statut ; un côté scientifique et un autre côté agent secret. Impressionnant ce concept (et très novateur à la télévision). On vous rassure, c'est avec l'argent du contribuable.


Oscar Goldman au labo 4

Oscar, lui, c’est le chef. Il a un double statut plus gros que les autres, avec un côté scientifique plus développé que la moyenne, même si son côté agent secret est très fort aussi. Bref, c’est une belle bête, il envoi le bois.

Super intelligent, il est officiellement chef médecin-scientifique-agent-secret-coach-de-vie-nounou-ange-gardien pour bio-men, d’après la convention collective de l’OSI. Il dirige tout le monde d’une main et d’un attaché case de fer, à commencer par le médecin sous-chef qui opère tous les futurs hommes et femmes bio-ioniques, le docteur Rudy Wells qui va avoir tendance à disparaître des seconds rôles au profit d’Oscar Goldman, The King, qui de sa notoriété, éradique tout sur son passage.

Car oui, il faut bien le dire, Oscar est avant tout un féroce bureaucrate, froid et austère, un véritable calculateur. Mais au contact du jeune Steve Austin fraichement opéré, il va se découvrir un petit côté paternel qui va faire toute sa renommée. Un triple statut va naitre alors chez lui.

Steve Austin, ou l'apprenti X-Men

Il va apprendre à Steve comment utiliser ses super pouvoirs, comment faire du bruit en soulevant des objets avec son bras droit bio-ionique, comment faire du morse avec son œil gauche quand il regarde au loin, comment apprendre à courir vite au ralentit.

Poupée steve austin

Grace à lui, Steve pourra bénéficier des mises à jour Windows prévues au catalogue à chaque démarrage, ce qui peut parfois prendre un certain temps avant le début de l'intrigue de l'épisode... Ainsi, en plus de la vision infrarouge, à partir de la saison 2, il pourra faire des zooms avec son œil gauche.

En plus, Oscar aura toujours avec lui le kit d’urgence avec des accessoires bio-ioniques dans sa mallette, très utiles en cas de panne. 

En revanche, toujours pas de partage sur les réseaux sociaux ou sur sa page Fan Facebook ou Instagram. Quelle erreur. Quand au tweet live des enquêtes, on l'attend toujours. Autant dire que pour un homme du futur, cela laisse un peu à désirer.

Malgré tout, avec cet attirail, il est évident que Steve est "quand même" armé pour vivre de merveilleuses aventures et mener la vie dure aux criminels de tous poils, et autres espions, terroristes, dictateurs, barons de la drogue, séparatistes pro-russes. 

Il aura même affaire aux extra-terrestres. "Ce Steve Austin, quel bel homme !", finira par dire l'un de nos ministres au moment de le décorer de l'Insigne de Chevalier des Arts et des Lettres.


Des scénaristes bien machiavéliques, ou bien en panne d'inspiration ?

Les choses vont se corser au début de la saison 2. Les scénaristes ont alors la diabolique perversité de faire intervenir l’amour de jeunesse de Steve Austin, Jamie Summers, qu’il retrouve dans son village d’enfance en Californie.

Et paf, cent balles, un Mars et c’est reparti. Devenue championne de tennis, elle va faire un saut en parachute (là, ne cherchez pas à comprendre…) et deuxième paf, elle se plante aussi lamentablement que son boy-friend. La voilà qui se retrouve en petits morceaux.

super jamie


Steve va alors faire des pieds et des mains bio-ioniques, pour que l’on répare sa dulcinée, ce qu’Oscar va refuser ! Il est peut-être scientifique et médecin, mais il n’en est pas moins bureaucrate. Avec quel argent ? "Ben, celui de la réserve de l'Assemblée !".

Steve insistera donc lourdement et, après lui avoir fait la démonstration qu’une bio-woman coute moins cher à fabriquer qu’un bio-man, le noble Oscar finira par lâcher prise, prouvant qu’il a du cœur.

Malheureusement pour Steve, sa chère et tendre perdra la mémoire en route et ne le reconnaîtra pas. Ah, ah, c’est machiavélique, enfoirés de scénaristes. Extrait issu d'un des workshop autour de cet épisode dramatique : "Pleure Steve, pleure ! Elle ne te connaît pas ! Tu as mal, hein, tu as mal ? Ah, Ah !". 

C'est honteux. Mais quelle est donc cette méchanceté gratuite qui anime les scénaristes et producteurs ?

poupée bionic woman

Là réside cependant le succès et l’intelligence de la série, ou plutôt des séries. Car voilà que naît Super Jamie, la décalcomanie féminine de Steve Austin, de quoi créer une nouvelle saga et autant de cross over, et de quoi donner du travail à Oscar Goldman comme coach de vie.


La chaîne ABC à la manoeuvre

Produit par ABC, l’homme qui valait 3 milliards est avant tout l’adaptation d’un roman de Martin Caidin intitulé ‘’Cyborg’’. Un roman dans lequel le personnage de Oscar Goldman n’existe pas, ou plutôt sous les traits d’un responsable de département avec lequel Steve Austin est en conflit ouvert.

Dans la série, Oscar Goldman fait sa première apparition à l’écran au cours du second pilote réalisé par le network et diffusé le 23 octobre 1973. 

Cette fois les remontées du public sont un peu plus favorables, mais au total, trois pilotes seront nécessaires pour lancer définitivement la série à partir de 1974.

oscar goldman`

5 saisons vont se suivre et se ressembler, soit en tout 100 épisodes de 50 minutes jusqu’au 6 mars 1978, date du dernier épisode de la saga. Sans compter toutefois les trois téléfilms de 90 minutes en 1987 (‘Le retour de l’homme qui valait trois milliards et Super Jamie’’, un titre qui en dit long...), en 1989 (‘’l’espion bio-ionique’’) et en 1994 (‘’mariage bio-ionique’’).

On ne compte pas non plus les très nombreux cross over avec Super Jamie, ce qui multiplie les apparitions d’Oscar Goldman à l’écran (ainsi que ses cachets), la dernière ayant lieu le 13 mai 1978 au cours du dernier épisode de Super Jamie. 

Les mauvaises langues diront d'ailleurs que ses cachets étaient cachés dans son attaché case.


Mais qui se cache derrière Oscar Goldman ?

Beaucoup de choses. Il suffit de se retourner pour voire apparaître l’immense Richard Norman Anderson. Immense parce qu’il mesure déjà 1m93 à 12 ans, mais il ne grandira plus si cela peut vous rassurer.


Né le 8 août 1926 à New Branch dans le New Jersey, le New Richard Anderson vit une enfance heureuse avec ses parents. C’est un jeune petit garçon studieux qui ne fait pas parler de lui.

D’un naturel timide il se démarque toutefois par sa grande taille qui ne le quittera jamais. Cela lui vaudra d’être le souffre douleur de tous ses camarades de classe pendant toute sa scolarité, et qui l’appellent le grand nigaud ou le clown.

Jusqu’au jour ou tout va basculer. Pour vaincre sa timidité maladive, il va décider de se lancer dans des cours de théatre à l’école. Ses premiers pas sur scène lui vaudront d’être immédiatement remarqué par autre chose que sa pointure. Ce talent prometteur pour faire l’idiot va lui permettre d’échapper aux sarcasmes de ses congénères.

A partir de là, il va s’employer à travailler son jeu d’acteur, sèchant d’ailleurs les cours pour répéter ou aller au cinéma. Il n’a qu’un rêve à cette époque ; devenir comédien.

Mais les banques étant en grand danger, l'heure est venue de faire une nouvelle guerre mondiale pour les renflouer et le voilà alors enrôlé dans l’armée, un rôle bien différent.

La paix revenue, les banques étant à nouveau à flot, contrairement à notre acteur, Voilà Richard obligé de faire de petits boulot pour survivre. Il trouve alors un job dans une radio.

Sa vie va cependant changer le jour où un collègue lui parle d’un casting pour un petit rôle dans un film. Il s’y précipite, se trompe de jour et y retourne le lendemain. Bingo ! Son apparition comme soldat blessé d’une balle dans le bras dans TWELVE O’CLOCK en 1949 suscite l’émerveillement de tous.



Il décide de poursuivre l'aventure dans le métier et la MGM lui offre son premier contrat l’année suivante. On le verra alors dans plus de 26 longs métrages du studio, notamment PLANETE INTERDITE en 1956, aux côtés de Leslie Nielsen, tout comme LES SENTIERS DE LA GLOIRE.



Mais il parfait sa palette d’acteur en jouant surtout dans de nombreuses séries TV, en commençant par ZORRO qui lui vaut un grand succès. Il enchaîne alors avec, dans les années 60, BONANZA, PERRY MASON, THE MAN FROM UNCLE, BIG VALLEY, THE RIFLEMAN et THE FUGITIVE où il incarne le beau frère de Richard Kimble. 

Oréolé par le succès de ces séries, il explose en 1970 grâce à L’HOMME QUI VALAIT 3 MILLIARDS et à SUPER JAMIE. On le voit également dans GUNSMOKE et dans THE LOVE BOAT.


Toujours spécialisé dans les feuilletons, il poursuit dans les années 80 après l’arrêt de ses deux séries préférées. On le voit alors dans de grands moments de télévision ; SIMON & SIMON, CHARLIE'S ANGELS, REMINGTON STEELE ainsi que dans DYNASTY dans le rôle du sénateur Buck Fallmont.



Mais il reste à jamais marqué par son rôle d’Oscar Goldman. 

Jusqu'à ce qu'il rejoigne les étoiles en aout 2017, auréolé du statut d'éternel scientifique.


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