LACN n°25 mars-avril 2008 : Clap sur les Césars

Pour rendre compte de la 33ème cérémonie des Césars, LACN n’a rien trouvé de mieux que de se mettre au niveau des vannes du maître de cérémonie en choisissant d’ouvrir cet article par un jeu de mot absolument scandaleux. César-bi.


Que retenir des Césars ?


Mais ce que l’on retiendra de cette soirée de gala (…) c’est avant tout une irrépressible envie de dormir, voire pire à condition d’avoir un seau à proximité… 

Est-ce à mettre sur le compte de la sobriété dépressive du décor, digne d’une chambre d’hôpital ? 

Ou sur la morosité générale régnant dans la salle ? 

Ou sur la musique de présentation digne d’une musique d’ambiance de funérarium ? 

Ou encore sur la prestation désespérée d’Antoine de Caune qui nous avait jusque là habitué à mieux ? 

Il faut dire qu’il n’est pas très aisé de s’adresser pendant des heures à un plat de nouilles froides en attendant une réaction. Au prix des matières premières et de la farine, les nouilles sont plutôt léthargiques ces derniers temps.

On a ce que l'on mérite

Les Césars sont la vitrine du cinéma français. Autant dire qu'ils sont mauvais.

C’est en écoutant le discours d’ouverture de Jean Rochefort, le président d’honneur de cette merveilleuse soirée, que l’on s’est rendu compte qu’elle était partie sur de mauvaises bases. 

Nous aurions dû y voir un signe et quitter la salle… 

Un Jean Rochefort bien pâle, autant que Clotilde Courau (c’est dire son état cadavérique), et que l’on a connu nettement plus à l’aise sur son cheval dans LOST IN LA MANCHA que sur les planches du théâtre du Châtelet. Mais trop tard, la machine à médiocrité était déjà lancée, et dans la mauvaise direction.

Où est le spectacle ?

Eh oui, les spectateurs ont été sevrés. Ils s’attendaient à voir du spectacle et ils ont été déçus. 

Pas même une manifestation ni une interruption de soirée à cause des intermittents du spectacle. 

Pas même la présence alcoolisée de Gérard Depardieu pour faire irruption dans la salle, bien que sa fille Julie, venue habillée en clown héroïnomane, ait décidé de suivre le même chemin... Bref, une soirée bien trop propre et policée. A l'image du cinéma français.

Lueur ardente

Seule Fanny Ardent aura fait parler d’elle un instant avec sa robe à fleur trop bouffante. 

Mais nous sommes encore loin du style de Leigh Bowery. Comme on aimerait voir les comédiens porter ses créations à l’arrivée sur le tapis rouge. Cela ajouterai du piment et de l’animation dans l’aquarium dépressif du Châtelet où ne flottent que des poissons morts.

Clownesque

A tel point qu’il aura fallu faire appel à l’énergie transalpine de Roberto Benigni pour réanimer pendant quelques instants une salle remplie de mollusques en hibernation. 

Mais après ce bref sursaut, la routine cérémonieuse reprendra le dessus et l’encéphalogramme restera désespérément plat. Le cinéma français est bien mort. Il ne reste plus qu'à l'enterrer.

Hormis le fait que LA GRAINE ET LE MULET usurpe le triplé réalisateur-film-scénario, que Marion Cotillard récupère son Nième prix de la meilleure actrice et que PERSEPOLIS obtient celui de la meilleure 1ère œuvre, on retiendra de cette cérémonie que Matthieu Amalric, vainqueur du César du meilleur acteur a fait l’objet d’une censure criante de son discours de remerciement puisque son passage de revendication contre les multiplexes a été coupé. Comme quoi, le cinéma français s'enfonce dans la médiocrité, l'intolérance, la censure et le ridicule.

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