LACN n°1 janvier-février 2002 : Focus sur l'impact des cartes d'abonnement illimité sur la fréquentation
L’année 2000 a été marquée par l’apparition des formules d’abonnement illimités au cinéma. Ces cartes d’abonnement proposent pour une somme forfaitaire mensuelle un accès illimité à toutes les salles de cinéma adhérant à la formule. LACN s'est penché sur l'affaire avec l'aide du CNC. Focus sur l'impact de ces cartes sur la fréquentation en salles.
C’est le cas de la carte ‘’UGC Illimité’’ lancée en mars 2000 au tarif forfaitaire de 98 Frs par mois (porté à 108 Frs par mois en juillet 2001), du ‘’Pass’’ Gaumont-MK2 lancé en septembre 2000 dont le prix a été porté de 98 à 118 Frs à partir de juin 2001, et de la formule ‘’Ciné à volonté’’ mise en place par Pathé en août 2001 à Nantes puis à Strasbourg, Nice et Clermont-Ferrand, au tarif de 118Frs.
Un poids modeste dans la fréquentation totale
En 2000, près de 4,5 millions d’entrées ont été réalisées avec les cartes soit 2,7% du marché national. Sur le marché parisien, elles ont représenté 8,5% des entrées.
L’étendue géographique des cartes reste limitée. Elles ont concerné en 2000 4,4% des cinémas français soit 14% des écrans seulement. Plus de la moitié des entrées ‘’cartes’’ ont été réalisées à Paris et près de 80% en région parisienne.
Une augmentation du rythme de fréquentation
Dans leur grande majorité, les possesseurs de cartes sont des assidus, se rendant au moins une fois par semaine au cinéma, contre 23 % du public du cinéma en général (public 7 Derniers Jours). Les abonnés les plus récents ont un rythme de fréquentation plus intense que les abonnés les plus anciens. Plus de 57 % des assidus d’aujourd’hui qui possèdent une carte d’abonnement étaient seulement des réguliers (plus d’une fois par mois mais moins d’une fois par semaine) avant la carte et plus d’un quart étaient des occasionnels (moins d’une fois par mois), voire des non spectateurs. L’impact des abonnements illimités sur l’évolution du rythme de fréquentation est donc prépondérant
Une fréquentation très régulière neutralisant l’effet films
Les cartes neutralisent l’effet films sur la fréquentation cinématographique. La variation de la saisonnalité de l’offre de films n’influence pas les possesseurs de cartes dans leur rythme de fréquentation, à la différence du public du cinéma en général. De même, les cartes contribuent au renforcement du rythme de fréquentation des parisiens et plus particulièrement des assidus.
Elargissement de l’éventail des films vus
Les entrées cartes profitent majoritairement aux films nouvellement à l’affiche, en première et deuxième semaine d’exploitation. Elles profitent proportionnellement plus aux films européens non nationaux et aux cinématographies peu diffusées. Il convient également de signaler que les entrées « cartes » occupent une place privilégiée dans la performance des films au potentiel commercial modeste.
Plus de 90 % des possesseurs de cartes estiment avoir élargi leur éventail de films vus, depuis qu’ils ont leur carte d’abonnement. Ils découvrent des films qu’ils n’auraient pas été voir auparavant.
Profil des détenteurs de cartes : des jeunes, plutôt des hommes et des « employés » et « professions intermédiaires »
Le détenteur type de carte est plutôt un homme de 20 à 34 ans avec un niveau d’études supérieur, exerçant une activité professionnelle de cadre intermédiaire ou d’employé. Près de la moitié d’entre eux sont des célibataires. Plus de 93 % des possesseurs de cartes financent eux mêmes leur abonnement mensuel : le consommateur est le payeur.
En banlieue parisienne comme en Province, les possesseurs de cartes ont principalement moins de 25 ans et sont plus jeunes que les détenteurs de cartes parisiens. Le profil est également plus masculin en banlieue et en province qu’à Paris.
Les seniors sont de grands utilisateurs des cartes, prêts à se réabonner
Parmi les possesseurs de cartes, les plus grands consommateurs de cinéma sont plutôt des hommes. Par ailleurs le taux des « très assidus » (se rendant au cinéma plus d’une fois par semaine) augmente en fonction de l’âge des possesseurs de cartes. Les seniors qui ont souscrit un abonnement illimité fréquentent ainsi très souvent les salles de cinéma et en moyenne plus que les jeunes. Il convient également de souligner que les seniors, qui utilisent leur carte à des moments privilégiés (notamment en semaine), sont très satisfaits de leur abonnement et par là même, sont nombreux à vouloir le prolonger.
Une baisse de la recette moyenne par entrée due aux entrées « cartes »
En 2000, l’introduction des formules d’abonnement illimité a réduit la recette moyenne par entrée (calculée à partir des recettes d’abonnement réelles pour les entrées « cartes ») de 0,6 % par rapport à l’année précédente, poursuivant ainsi le mouvement amorcé en 1999. Ces formules contribuent à réduire la rentabilité économique des établissements qui les proposent. En effet, la marge brute sur une entrée « carte » (avant imputation des coûts liés au financement de l’établissement) est considérablement inférieure à celle réalisée sur une entrée « normale ».
Une consommation cinématographique plus spontanée et solitaire
Les possesseurs de cartes se distinguent dans leur comportement cinématographique des spectateurs de cinéma en général en se décidant à aller voir un film une fois qu’ils sont dans l’enceinte du cinéma (42 % contre 30 % pour les spectateurs de multiplexes en général). Ils sont également proportionnellement plus nombreux à aller seul au cinéma (34,9 % contre 8,0 % pour le public du cinéma en général). A Paris, les détenteurs de cartes d’abonnement illimité sont encore plus nombreux à aller seul au cinéma (43,4 %). En revanche, en banlieue et en Province, la sortie à deux est plus répandue (respectivement 53,5 % et 50,1 % des possesseurs de cartes).
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